Page:Raynaud - La Mêlée symboliste, I, 1918.djvu/188

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letons et des livres obscènes, il lisait l’Anthropogénie de Haeckel, l’Origine des espèces, les Maximes d’Epictète, le Livre de la Voie et de la Vertu de Lao-Tseu. On sent chez lui une âme sensible et généreuse, qui s’irrite d’une injustice et qui voudrait, pour le bien de l’humanité, diminuer les hostilités et paralyser toutes les forces mauvaises.

On est libre de ne pas le suivre jusqu’au bout de ses conclusions, mais on ne peut s’empêcher, après l’avoir lu, de souhaiter la transformation des pénitenciers militaires. Il y a vécu. Il y a souffert et me conte son long martyre.

Je me hâte d’ajouter que Dubois-Desaulle était un honnête garçon qui ne s’était rendu coupable d’aucun délit de droit commun et que ses opinions libertaires seules (l’épidémie à la mode) avaient conduit aux compagnies de discipline. Malgré l’apparence générale de sincérité de son livre, je n’avais osé croire à la réalité des faits qu’il y relate. Dubois-Desaulle m’affirme qu’ils sont exacts, qu’il s’est borné à transcrire, sans y rien ajouter, tout ce dont il a été le témoin ; qu’il n’a pas même déguisé le nom de ses personnages.

Tout en causant, nous nous retrouvons sur le parvis Notre-Dame. La nuit est venue. Un