Page:Raynaud - La Mêlée symboliste, I, 1918.djvu/33

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Par le rêve espérant des vierges amoureuses —
Et puis disparaissaient par les routes ombreuses,
Comme un chant qui s’éteint que l’on n’entendra plus.
Je suis le descendant des pages chevelus
Qui, sveltes, se levaient après les vidrecomes,
A la fin des repas — poètes gentilshommes
Dont la couronne avait des baisers pour fleurons,
Et qui, l’épée au flanc, coupe en main, fleurs aux fronts,
Parmi l’or héraldique et fin des marjolaines,
Chantaient le hennin blanc des hautes châtelaines...
— Et quoique le fil des beaux siècles soit rompu,
J’ai gardé de leur race autant que je l’ai pu[1].


Là, et dans ses sonnets de couleur, il faisait montre d’une belle virtuosité où l’on retrouvait à la fois Banville et Coppée, mais il exagérait dans ses vers d’amour, lorsqu’il affectait les langueurs d’un amant éconduit, accablé de sa disgrâce, et quand, pour apitoyer les âmes sensibles il présageait sa fin prochaine :


Et je ne vivrai pas du reste bien longtemps.


Cette plainte à la Millevoye n’était heureusement qu’un jeu. Louis Marsolleau a montré, depuis, qu’il avait les poumons assez solides pour emboucher la trompe d’airain et l’âme assez résistante pour surmonter les bagatelles sentimentales de la seizième année.

Par contre, Fernand Icres, miné de phtisie malgré

  1. Louis Marsolleau, les Baisers perdus (Lemerre).