Page:Raynaud - Le Signe, 1887.djvu/21

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AB IMO


Là-Las dans l’inconnu si vaste, tu m’attires
 Avec tes yeux noirs toujours grands ouverts,
À travers toute fièvre, ô douleur, à travers
 La faute et le blasphème et les délires.

Là-bas, tu ris, ciel bleu d’où tombe la langueur,
 D’où pleut la paresse à l’âme sonore,
Air tiède et parfume d’encens, où veut éclore
 Toute floraison vive de mon cœur.

Je vous rêve en ses bras, là-bas, longues étreintes,
 Langoureux élans jamais apaisés,
Seins moites et bleuis d’amour, où les baisers
 Ont laissé leur âme en lourdes empreintes.

C’est la que je voudrais un soir avec honneur
 Aller, suspendant mon âme à tes lèvres,
Vierge, par qui mon cœur jeune est gonflé de fièvres,
 Noyer mon désir au sein du bonheur.