Page:Raynaud - Le Signe, 1887.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Mais accumulant, comme à plaisir, les lieues
 Entre toi si haute et puis moi si bas,
Tu recules toujours en me tendant les bras,
 Plus loin dans le bleu des régions bleues.

Si tu n’es qu’un bonheur menti du ciel, pourquoi
 Ces efforts de mon être et ces coups d’aile,
Ces pleurs coulant vers toi dans la nuit solennelle
 Femme, et tout l’élan de mon cœur vers toi ?

Si tu vis, n’es-tu pas des filles de ma terre
 Que je ne puis jamais l’atteindre ? Oh ! j’ai,
Tant nos âmes sont sœurs, le cœur tout affligé
 De traîner sans toi mon deuil solitaire.

Parfois dans un soupir, dans un regard, dans un
 Sourire, ici j’ai cru te reconnaître ;
Des femmes ont passé qui m’offraient de ton être
 La grâce apparente, un troublant parfum.

Mais de toutes, suivant ma route triste, aucune
 Ne m’a répondu quand j’ai dit ton nom,
Leur beauté n’était qu’une amère trahison
 Dont mon âme au ciel a gardé rancune.