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Gringalette


Quand j’suis arrivée de l’école, ce matin, tout était barricadé.

— Et où as-tu mangé ?

— J’ai pas mangé… depuis hier.

— Pauvre gosse ! s’écria Bichot ému. Eh bien, viens avec nous.

Gringalette ne demandait pas mieux. Juzaine et Bichot n’étaient pas des étrangers pour elle. Souvent, le soir, lorsqu’elle venait leur servir de la bière ou du lait, le clown la faisait asseoir à ses côtés, malgré les cris de la patronne qui ne voulait pas que sa fille « fainéantât », et les deux enfants ouvraient de grands yeux, ou éclataient de rire de compagnie aux merveilleuses histoires que leur contait Bichot.

Il les fit entrer dans un café, demanda des saucisses, de la choucroute, du poulet, des oranges, une bouteille de vin ; et Gringalette, après s’être jetée sur les victuailles avec une voracité de chienne affamée, après avoir ho-