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Ce qu’il y a de plaisant, c’est que la Mère Sainte-Eugénie, qui corrige ainsi la petite Agathe pour ne pas parler assez haut, parle elle-même tout bas. C’est seulement au moment où nous faisons nos devoirs sous sa surveillance qu’elle se laisse entendre, et malgré elle. Elle a coutume, en effet, de dire, son chapelet pendant que nous écrivons, et pour ne pas nous troubler, elle le récite soi-disant à voix basse, mais les mots sortent de ses lèvres avec un sifflement et elle produit un bruit de bouche, comme une vieille jument à qui on donne à manger. J’ai eu le temps de la connaître, depuis que je suis au couvent et j’ai grand-peur de son martinet ; mais, malgré l’habitude où je suis de son visage et la crainte que j’ai de ses corrections, je ne puis pas la regarder sans rire ; sa physionomie parfois a de si plaisantes grimaces que je dois me cacher la tête sous mon pupitre pour éclater à mon aise. Où elle est absolument divertissante, c’est à l’étude de deux heures ; elle vient de dîner, et il faut voir avec quelle majesté son vaste séant se repose sur sa chaise trop petite, hélas ! pour lui ! Plus rouge