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la porte du couvent avec elle, pendant une récréation pour aider les sœurs à transporter des caisses de livres qui arrivaient de Paris. Un vieux mendiant qui avait une barbe énorme, accompagné d’un chien tout noir, d’une extrême maigreur, vint à passer et à demander la charité à la sœur. La sœur ne lui répondit pas. Alors l’homme fit un geste de menace, marmotta je ne sais quoi entre ses dents, et s’éloigna avec son chien qui lança un aboiement sourd et suivit son maître. La sœur devint toute tremblante :

— L’avez-vous vu, dit-elle, il avait l’air d’un sorcier. J’ai peur qu’il n’ait lancé un sort à l’une de vous.

— Oh ! ma sœur, pourvu que ce ne soit pas à vous, dit Charlotte, mais je crains que ce ne soit à moi, car il m’a regardé avec attention, et je me sens toute drôle depuis ce moment-là.

— Alors, fit la sœur, allez vite demander de l’eau bénite à sœur Sainte-Ildegonde, et priez-la de vous en asperger tout le corps pour conjurer le sort ou chasser le démon.

Charlotte sortit et pendant son absence,