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se tournure, et qui m’enseigne le chant et la danse. Je ne puis pourtant faire avec lui tout ce que je désirerais ; par exemple, je souhaiterais d’être seule avec lui, quand je prends mes leçons, mais ma tante ne me quitte pas des yeux tout le temps que le professeur est avec moi. Cela est ridicule et m’ennuie beaucoup. Est-ce que je ne suis pas une assez grande fille à présent pour qu’on ne puisse oublier une seule minute de me surveiller.

Songez donc ! Je suis bonne à marier. Hier, après m’être lavée, pendant que ma tante était sortie, je me suis regardée, dans la grande glace de sa chambre, toute nue. Cela m’a fait plaisir de me voir, et par-devant et par-derrière ; je ne m’étais jamais regardée avec autant d’attention. Je suis plus belle que toutes mes amies. Valentine, il est vrai, a des traits plus réguliers que les miens, mais n’a pas des yeux si beaux et une bouche si expressive : on me l’a toujours dit. J’ai de jolies dents, une oreille bien dessinée, mes cheveux, qui me descendent jusqu’aux reins, sont fins et d’un blond agréable. Je ne connais que les seins d’Olympe qui soient