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rire, mais de temps à autre elle s’écriait :

— Ah ! si votre tante vous entendait.

Puis aussitôt sa gaieté reprenait de plus belle.

Nous sommes allées ensemble jusqu’à la rivière où nous avons trouvé, sur le bord, un petit coin de terre où le soleil donnait en plein et où nous avons eu plaisir à nous asseoir. Le sol, bien chauffé, nous cuisait agréablement les fesses, tandis qu’à côté de nous, le feuillage léger des saules, agité par le vent, nous éventait d’une façon délicieuse. Nous avons regardé la rivière qui étincelait, puis Manon a tiré d’un panier qu’elle avait apporté, des assiettes, des cuillers et du pain. Ma tante nous avait permis d’aller goûter au bord de l’eau et je lui en ai su bon gré, car jamais je n’ai eu plus de plaisir. La crème était excellente et le parfum piquant des fruits s’y mêlait délicieusement. Nous avons croqué le pain frais à belles dents, puis nous nous sommes couchées sur l’herbe. Comme l’ombre commençait à s’étendre et il faisait un peu plus frais, nous avons arraché des ciguës, des pissenlits et des marguerites et nous nous sommes