Page:Rebell - Journal d’une enfant vicieuse, 1979.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205

dans mon lit : alors je me suis levée, j’ai couru à ma fenêtre qui donne sur la campagne et je l’ai ouverte. Le ciel est d’une limpidité admirable ; la lune brille au-dessus des grands feuillages sombres et immobiles. Toute la campagne disparaît dans un brouillard lumineux. Que Valentine n’est-elle ici, avec moi, sa nature sensible et rêveuse me ferait si bien goûter le charme de cette belle nuit. Moi, je ne suis qu’une fille passionnée qui est malheureuse seulement de ne pas avoir près d’elle un homme qui l’aime. Ah ! si je n’avais pas dédaigné les hommages du fils du bailli ? Mais qu’est-ce que ce bruit que j’entends au dehors, au-dessous de mes fenêtres, quelqu’un monte ? Je suis sur le point de crier quand j’aperçois justement le jeune homme auquel je pensais. Il monte à l’échelle appuyée contre le mur de ma fenêtre, lorsqu’il m’aperçoit, il m’envoie un baiser, puis, comme je veux lui fermer la fenêtre, il me fait un signe de la main qui me paralyse et met le doigt sur sa bouche comme pour m’imposer silence. Je suis maintenant indignée de son audace, furieuse qu’il ose venir chez moi ainsi,