Page:Rebell - Journal d’une enfant vicieuse, 1979.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228

assez élevé quoique fort au-dessous de leur valeur. Ce vol, qui avait eu comme une apparence légale, mais que quelques personnes soupçonnèrent, inquiétait ma tante. Elle craignait que je ne l’apprisse un jour ou l’autre. En me mariant à l’un des voleurs, vieux et usé, riche d’ailleurs par lui-même, elle prévenait mes réclamations ou du moins les rendait inutiles.

Le fils du bailli qui ne savait rien des affaires de son père, était profondément opposé, aussi par intérêt, à ce mariage. Sa cour, ses tentatives de séduction, puis les violences qu’il m’avait faites, n’avaient pour but que de me déshonorer aux yeux de son père et d’empêcher un mariage qui pouvait lui enlever une part de la fortune paternelle. Ma tante fit écrire une lettre anonyme au bailli pour l’informer de la conduite de son fils à mon égard. Le père fut tellement furieux, qu’il s’occupa dès lors de faire enfermer ce jeune homme qui prétendait s’opposer à sa volonté, et il y réussit.

Ma tante alla voir alors à Paris mon ancienne amie Valentine, pour l’inviter à