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venir à Moulin-Galant, et me décider au mariage. Elle savait que Valentine pouvait y avoir intérêt elle-même. Elle s’était mariée elle-même, mais le mariage ne la gênait guère. Son mari n’était jamais avec elle ; elle menait une existence fort luxueuse et assez désordonnée qui la mettait fréquemment dans la gêne. Ma tante ne l’ignorait pas et elle lui laissa entendre qu’il serait bon pour elle d’avoir une amie fort riche. Elle lui ouvrit d’ailleurs sa propre bourse, et Valentine n’eut garde de ne pas profiter de cette aubaine.

Par une belle journée, au moment même où je me désolais, Valentine accourut donc à Moulin-Galant, dans la plus gracieuse toilette de campagne, jupe fleurie, bonnet de roses, et un ravissant collier de perles tombant un peu sur sa gorge qui était découverte.

Dans sa toilette fraîche et légère on la sentait grasse, potelée. Chacun de ses pas, dans sa robe serrée, dessinait ses fesses. Moi, si mal vêtue, toute campagnarde, je rougissais devant elle.

Elle vit que la regardais avec envie.