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venait ! tu sais bien que ce n’est pas convenable de s’embrasser à cet endroit.

— Grosse bête, s’écria Valentine, et elle me donna un dernier baiser, laissa retomber ma chemise qu’elle avait retroussée et se releva.

En ce moment la cloche sonna pour le déjeuner ; j’achevai ma toilette à la hâte et nous descendîmes sans nous rien dire. À table nous étions placées l’une près de l’autre ; et entre chaque plat, Valentine approchait sa jambe de la mienne ou prenait ma main. Je dis après chaque plat, car Valentine est très gourmande et se bourrait de nourriture. Ma tante était assez choquée de voir que sa belle-mère lui avait si peu appris la sobriété et qu’elle redemandait de chaque plat après avoir été servie une première fois. Mais Valentine ne sembla pas plus gênée à la maison que dans sa chambre ; elle boit de grands verres de vin pur, mange énormément, et quand elle a bu et mangé se caresse le ventre, pousse un soupir de satisfaction et dit : « C’est joliment bon ! » Sa belle-mère semble tout à fait indifférente à son éducation, ne la complimente, ni ne la