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avec des yeux que je ne lui avais jamais vus. Elle semblait au Paradis. Elle me donna ensuite un baiser sur la bouche en me prenant la tête entre ses mains :

— Ma chérie, comme je t’aime ! s’écria-t-elle.

Je la baisai à mon tour pour la remercier, mais sans avoir le plaisir qu’elle semblait ressentir. Elle fut étonnée que je n’eusse pas mis dans ce baiser autant d’ardeur qu’elle-même et garda quelques instants un silence qui m’intimida. Soudain :

— Ma chérie, dit-elle lentement, quand tu es seule le soir dans ton lit, n’as-tu jamais l’idée… Elle s’arrêta, et moi très étonnée :

— L’idée de quoi ? dis-je.

Alors, comme elle allait parler, j’entendis la voix de ma tante qui m’appelait ; sans attendre la réponse de Valentine, je me mis à courir et elle suivit.

Ma tante nous dit que nous allions au Château-Rouge qui est à deux lieues de la maison et que madame Dangevert ne connaît pas. Elle nous ordonna de nous préparer à la hâte, parce que la voiture