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d’un moment à l’autre, m’infliger une punition ignominieuse, et j’en suis anéantie. Je me suis couchée à la hâte, baissant ma chemise avec soin sur mes jambes, comme pour me garantir des coups à venir, et me blottissant dans mon lit, me faisant bien petite, j’ai essayé de m’endormir.

Je vais rappeler d’horribles moments ; heureusement que je viens de voir mon amie Valentine et que cette visite m’a fait un peu oublier les douloureuses émotions que j’ai ressenties avant-hier.

Je commençais à oublier les menaces de ma tante et à retrouver ma gaieté que Manon, en partant, semblait avoir emportée avec elle. Ma misérable gourmandise m’a perdue.

Ma tante, qui voulait donner un dîner à plusieurs amies, gardait pour ce repas plusieurs belles pêches qu’elle laissait à l’espalier, et qu’elle se proposait de cueillir seulement le jour de son dîner. Sans m’avoir défendu particulièrement d’y toucher, je savais qu’elle ne me permettait jamais de manger des fruits sans sa per-