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mission, seulement je ne devais pas prendre ceux du jardin, mais encore ceux de l’office, dont d’ailleurs je n’avais pas la clef.

Mais comme je me promenais dans le jardin et que je voyais ces belles pêches, je ne pus m’empêcher de vouloir en manger une ou deux : leur peau empourprée les rendait si appétissantes ! Je pensais que comme on avait souvent parlé devant moi de maraudeurs qui volaient tout dans le pays, on serait porté à mettre le vol des pêches sur leur dos, et qu’on ne me soupçonnerait point, je choisis donc un moment où ma tante n’était pas à la maison pour cueillir les pêches. Non seulement j’en pris deux comme j’en avais d’abord l’intention, mais six des plus belles. Je les cueillis à la hâte et me sauvai pour les manger dans les latrines dont je fermai la porte à clef. Puis, m’asseyant sur le siège, je savourai ces fruits qui étaient excellents. Comme je mangeais la dernière pêche, voici que j’entends ma tante qui descendait dans le jardin. Elle appela Rosalie qui se trouvait dans la cuisine :