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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/115

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chasse ! C’est elle qui a fait massacrer mon frère, mon cher frère.

De mon visage en pleurs, de ma parole tremblante de sanglots, je le suppliais de ne pas être cruel, d’avoir pitié de mon repentir. Je m’agenouillai devant le lit, j’essayai de lui prendre les mains pour les baiser, mais il se débattit avec colère et me repoussa.

Le cardinal survint à ce moment.

— Allons, dit-il d’une voix dure que je ne lui connaissais pas, taisez-vous et sortez ; vous voyez bien que vous le fatiguez et qu’il a besoin de repos.

Puis se tournant vers Guido :

— Mon doux ami, souffres-tu ? demanda-t-il, et longtemps il tint Guido dans ses bras.

En me congédiant, le cardinal me remit dix ducats que j’eus envie de lui jeter à la face, tant j’exécrais cet homme qui allait rester avec Guido et me chassait loin de lui.

Dans le vestibule, l’abbé Coccone m’attendait.

— Vous allez venir avec moi, me dit-il de sa voix la plus autoritaire.

Il avait les yeux pétillants et la lèvre inférieure repliée sur le menton comme en ses jours de graves soucis. À sa vue, j’éprouvai un profond sentiment de répulsion. Je le suivis pourtant jusqu’à une barque qui se trouvait devant le palais, et où nous montâmes tous les deux.