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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/165

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d’une colère prête à éclater, elle me lançait des coups d’œil furibonds en me voyant oublier ainsi ma dignité avec un loqueteux.

— Vous ne pouvez vous entendre avec Madame, dit-elle dédaigneusement à Michèle, car elle fait profession d’aimer les êtres terrestres.

Je rougis et j’eus un regard de reproche pour la comtesse, mais Michele répondit :

— Si Sa Seigneurie aime les êtres terrestres, je dois la révérer comme la plus admirable de toutes les femmes, car c’est par l’amour que se purifie le Monde.

Morosina détourna la tête en trépignant d’impatience, tandis que je parlais de la sorte au docteur :

— Messer, vous devez avoir grand’faim depuis le temps que vous êtes à jeun. Je ne sais si vous êtes comme moi, mais rien ne me fait le ventre plus creux que la philosophie. Voulez-vous venir prendre chez moi la collation ?

— Je ne refuse point, madame, des offres aussi aimables. Je sais d’ailleurs parfaitement ce que nous devons donner au corps pour que cet esclave nous laisse tranquilles.

De retour à la maison, ayant relevé ma robe, j’allai à la cuisine, j’allumai le feu, je fis réchauffer des viandes, chanter la poêle et, avec de la pâte toute prête, je pétris un petit gâteau.

— Nichina, cria la comtesse tout à coup, voilà Monseigneur de Gonzague qui te demande si tu peux le recevoir.

— Qu’il aille au diable ! repartis-je, en ce moment je m’occupe du manger de mon docteur.

Morosina se retira consternée, tandis que j’achevais de préparer le repas de Michele des Étoiles. Dans le vestibule, ayant la jupe en l’air, des plats jusqu’au