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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/453

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tous, dit-il, et bien montrer où la science conduit. Si j’étais le maître, il y a longtemps que les Universités seraient fermées et qu’on brûlerait ces livres abominables, refuge du Diable et des sept péchés capitaux. Moi qui ne suis pas allé à l’Université de Padoue, moi qui sais à peine écrire mon nom, eh bien ! vous voyez, je suis un honnête homme, marié, père de famille et ayant de la fortune, tandis que ce bandit qui savait le grec, le latin, la médecine, peignait, — je ne m’y connais pas, grâce au Ciel ! mais on prétend qu’il avait, dans son art, quelque habileté, — tandis que ce bandit est aujourd’hui galérien. Et encore n’a-t-il pas tout ce qu’il mérite. Je ne puis m’empêcher de regretter, par amour de la Justice, que cette canaille soit seulement condamnée aux galères ! Oui ! je regrette, que nous n’ayons pas réussi à mieux prouver le crime de ce coquin, car, quand bien même il n’aurait assassiné personne, il méritait un autre supplice. Il fallait lui couper la main pour actes d’indécence, la langue comme blasphémateur et le brûler vif comme athée.

Mais il se rasseyait à peine que Foscolo, l’un des sénateurs, se leva et dit :

— La République vient de se déshonorer à jamais en condamnant un homme qui l’a couverte de gloire. Une telle sentence n’a pu être dictée que par un bâtard, par ce fils d’une cuisinière, le Volonta, brute qui veut faire de la grande cité d’aristocratie et d’art une taverne pour les gondoliers, les frocards et les marchandes de légumes ! Quant à moi, je déchire ma robe, puisqu’un domestique de la populace a le droit de s’en revêtir, pour prononcer ses iniques jugements.

À ces outrages, Volonta voulut se jeter sur son insulteur.