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Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/468

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— Je parierais, fit Arrivabene, que c’est le boute-fête de cette truie qui s’évade !

Mais aussitôt il reprit :

— Oh ! oh ! voilà mon manteau ! Je reconnais la tache du trebbiano que j’y renversai l’autre jour !

À ces mots, le capuchon s’ouvrit jet nous aperçûmes la figure espiègle de Polissena.

— Petite morveuse ! fit Arrivabene en la secouant brutalement, tu vas me rendre mes dix scudi tout de suite.

Je m’interposai entre eux.

— Que de tapage ! mon pauvre Arrivabene, pour une fois qu’il t’arrive de payer une femme.

— Eh bien, je lui laisse l’argent, mais qu’elle trousse sa robe.

— Sous l’averse, n’est-ce pas ? dit Polissena. Allons plutôt dans le pavillon du jardin. Personne ne nous y dérangera. Le Doge est en train de recevoir la semonce de Nichina. Quant aux gentilshommes, ils s’occupent à se partager les amies : vieilles ou jeunes, demoiselles ou servantes, il n’y a pas une femme qui restera inoccupée.

Polissena se mit alors à courir et nous la suivîmes. Tout en marchant, Arrivabene, d’un œil fixe et énormément agrandi, considérait, sous la jupe relevée, le mouvement prompt des deux petits pieds qui s’élançaient et glissaient dans la boue.

Nous entrâmes enfin dans le pavillon. Il était meublé d’une sorte de lit appuyé à la muraille et qui faisait le tour de la pièce.

— On ne donne à personne la clef de ce pavillon, remarqua Polissena, qui prit une voix enfantine. Moi, ze l’ai eue parce que ze suis bien zentille. C’est ici que madame Nichina vient penser à Guido.

— Ou l’oublier.