Aller au contenu

Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/469

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! dit Arrivabene, reniflant avec force l’odeur de la chambre, Comme cela sent l’amour !

— Nous avons de quoi nous réconforter, fit Polissena en découvrant plusieurs fiasques de vin et des gâteaux.

— Polissena, s’écria Arrivabene, je vous demande pardon : vous êtes une femme divine !

— Pas encore ! répondit-elle.

Le frère et moi, nous nous assîmes sur le lit, attirant sur nous Polissena dont nos genoux devinrent les assises. Sa jolie croupe remuait et dansait de plaisir.

— Voilà comment j’aime les divertissements, répliqua-t-elle, je déteste les fêtes cérémonieuses. Aussi, que je plains la pauvre Nichina de rester avec le Doge ! Un homme pareil, je ne saurais par quel bout le prendre !

La lanterne s’était éteinte, nous buvions et nous nous caressions dans les ténèbres. Tout à coup Polissena s’appuya si lourdement sur moi qu’elle me fit perdre l’équilibre. Nous roulâmes ensemble par terre et je la retins dans mes bras. Elle ne se défendit point. Sa bouche fraîche avait le parfum d’une poire fondante ; sa langue souple enveloppait la mienne d’une caresse vive et délicieuse. J’oubliai le couvent, Carlona, toutes les choses de la terre.

— Eh bien ! Eh bien ! dit Arrivabene qui entendit nos soupirs et voulut toucher sa part de jouissance.

Mais Polissena lui lança une ruade qu’il reçut en pleine poitrine. Me rappelant alors son offre gracieuse de la soirée :

— Attends à demain, mon cher frère, je te céderai la place.

Quand Polissena reprit haleine :

— Je suis bien heureuse, dit-elle, enfin j’ai eu un