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Page:Rebell - La saison à Baia, 1900.djvu/17

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III
AVANT-PROPOS

personne, que sensible aux inspirations divines. Il lui eût fallu une sagesse moins terre à terre pour reconnaître, dans un être d’extérieur si inélégant, les vertus géniales de seconde vue et penser, avec un grand écrivain contemporain, que «ce fou allait sauver le monde ».

Aujourd’hui le sourire impie de notre auteur nous semble plus que déplacé. Les mœurs qu’il nous décrit avec une complaisance si incongrue ne sont plus possibles. Ce prophète méprisé, traité comme un charlatan vulgaire, a réellement changé les hommes et hâté le règne du Bien. L’envie, l’avarice servile, les trahisons criminelles, les basses complaisances pour le pouvoir, les désirs effrénés des sens, rien de tout cela n’a survécu, que je sache, au paganisme. Ce sont, pour ainsi dire, des vices archéologiques dont nous sommes si loin que la peinture même en paraît extraordinaire.

En même temps que les mœurs se sont purifiées, l’intelligence a reçu des clartés nouvelles. Personne à notre époque — et je parle des plus incultes — n’oserait