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JOURNAL D’UNE DAME CRÉOLE

— Je venais voir où tu demeurais, Zinga. Cela m’intéressait de connaître la maison de mon amie et de visiter une plantation. Tout m’est encore inconnu ici ; il y a si peu de temps que je suis dans l’île !

— Ne fais pas le fourbe, pourquoi es-tu entré dans la chambre de la demoiselle ?

— Je t’avais vue à une fenêtre. J’ai essayé de trouver la chambre où était cette fenêtre. J’ai réussi par hasard. Comment aurais-je pu savoir où était la chambre de Mlle Antoinette ?

— Tu mens, vois-tu ! Je sais bien que tu mens ! L’autre jour, comme tu dormais près de moi, tu as parlé d’elle ; oui, tu as prononcé son nom, et tu as parlé aussi de l’enlever. C’est sûr ! Ah ! ami, ami blanc, moi qui t’aime, comme c’est mal ce que tu m’as fait !

— Tu ne sais pas ce que tu dis.

— Oh ! si. Et encore tout à l’heure, tu as parlé de Mme Gourgueil. Tu voulais la connaître ?

— Et qu’importe, bon Dieu ! Je puis désirer connaître une dame de mon pays. Je puis prendre plaisir à causer avec elle !

— Moi, je ne cause pas bien, n’est-ce pas ? Tu ne me comprends pas toujours ?

— Mais si, ma petite Zinga, tu causes bien.

— Non, je ne sais pas le français, mais je vais l’apprendre, et plus tard je saurai parler comme toi, tu verras. Alors, tu ne connaîtras plus que moi. Tu m’aimeras seule. Est-ce qu’il y a des femmes au Cap, dans l’île, dans ton pays de Bordeaux, qui sont plus