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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


Ah ! ces Européens rouges.
Ils ont tous de l’argent !

Ils ont emmené captives
Toutes les filles de Marka.
Et je n’ai eu ni argent, ni bœufs, ni tabac.
Marka démoli, le village brûlé,

La faim est venue, je n’ai pas mangé,
Je suis bien malheureux
Je n’ai plus d’autres abri contre le soleil
Que le vieux tamarinier.

Ah ! ces Européens rouges,
Ils ont tous de l’argent,

Mais pourquoi m’as-tu laissé voler ton
fusil à deux coups
Argent ni femmes maintenant ne te serviront guère.)

Lorsque la troupe fut passée, Zozo cracha dans leur direction.

— Guiambas, dit-il, Bambaras qui sentent encore cale où maître les a parqués, sales nègres ! Ah ! si moi étais maître à eux, les laisserais pas courir comme ça !

— Et que leur ferais-tu donc ?

— Tannerais cuir à eux, et bien ! Sales nègres, va !

— Mais tu es un nègre, pourtant, toi aussi !

Il baissa la tête :

— Maîtresse, dit-il, les larmes aux yeux et la voix tremblante, qu’ai fait moi à toi pou qu’insultes moi !

— Mais je ne t’insulte pas, tu es fou, voyons.

Et je lui tapotais les joues.

Je le calmais de mon mieux quand j’entendis des pas précipités ; une femme courant à toutes jambes