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JOURNAL D’UNE DAME CRÉOLE

— Je vous parlerai de cet homme plus tard, répliqua le docteur : quand nous serons seuls.

— Docteur, vous manquez de respect à M. l’abbé, à ces dames et à moi-même. Nous sommes ici entre amis.

— Raison de plus pour ne rien dire !

— Antoinette va sortir, si vous l’exigez.

— C’est inutile. Plus tard vous saurez quel est l’homme et aussi quelle est la femme en qui vous avez mis votre confiance.

— Cette pauvre Zinga ! s’écria Antoinette.

— Justement, mademoiselle, cette pauvre Zinga.

— Vous allez encore l’accuser, vous ! je ne vous aimerai plus.

— Tant pis. On n’est pas toujours récompensé du bien que l’on peut faire. On se résigne.

— Enfin, docteur, on n’accuse pas sans raison. Vous ne pouvez plus vous taire !

— Ce que j’ai à vous dire ne regarde que vous. Je puis cependant vous citer un trait de vos fidèles serviteurs. Connaissez-vous Samuel Goring ?

— Oui, dit l’abbé, et bien qu’il ne pratique pas notre religion, c’est un excellent homme.

— C’est un quaker, dit dédaigneusement Mme Du Plantier, tandis qu’Antoinette et Agathe, qui avait essuyé ses larmes, répétaient en riant : « Couacre ! Couacre ! »

— Attendez un peu avant de le juger, continua le docteur. Samuel Goring, sous prétexte de soigner les noirs malades, d’instruire les enfants, d’annoncer à