Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/42

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nes popines ainſi nues, belles, & fraiſches, ne pouuoient depeſtrer leurs yeux de deſſus leurs beautez Ameriquaines, tant que mõ paillard d’Hegemon en ayant ſaiſi vne, choiſie ſur toutes les autres, marchãdoit à leur patois de langage, à combien le picotin de l’auoine . Ce que voyant de peur de quelque trahiſon, apres auoir fait aiguade, & rafrechy nos viures, nous ſinglames en haute mer, & vinſmes en l’Iſle de Cuba, ou Fernandine. La nous fut aduis que le Soleil eclypçoit, pour la multitude des oyſeaux de paſſage, leſquels offuſquoient l’air de l’ombre de leurs aiſles, tenant iceux la route du Nord, au Sud. Sortans de ceſt’Iſle, toſt apres nous entraſmes en la mer herbue sous le tropique de Cancer. Là il nous fallut auoir des coignees au manche long, & autres ferremẽts pour couper ces herbes qui ſont fort eſpaiſſes flottantes ſur la mer, leſquelles empeſchoient le cours de noſtre vaiſſeau, non ſans grand peril. Et lors que nous euſmes franchy ce peril, voila la tempeſte qui ſoudainement ſe leuant en la mer : nous fit toſt recognoiſtre l’inconſtance de ceſt Element : le ciel, la mer & la terre n’eſtoyẽt plus qu’vn ; Tous les elements ſembloyent retourner à leur premier chaos, noſtre

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