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Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/43

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vaiſſeau s’attachoit tãtoſt aux cornes de la Lune, & puis ſoudain redeſcendoit iuſques au fonds des abyſmes ; nos patrons ſe rendent à la mercy des vagues, leur ſcience prend fin, le courage leur manque, adieu pauure Panurge. Hegemon criant miſericorde, de peur, de crainte, d’eſtonnement, print vn grand flux de ventre & chia fort copieuſement. L’incagade de Fargueiroles ny de Mornay, ne fut iamais plus copieuſe, l’vne a Niſmes, & l’autre à Fontaine beleau, Tout le monde crie miſericorde, & moy ne voyant aucun ordre dans ce deſordre : ſentant deſia la mort me ſaiſir le colet, noſtre vaiſſeau preſques remply des flots eſcumans, caſſé & briſé de la force des vagues, i’allois exhortãt mes pilotes, & taſchois de leur remettre le cœur au vẽtre, mais en vain, ils eſtoyent froids comme glace. Hegemon n’auoit plus qu’à rendre l’ame. Sur ces entrefaites il me vint en memoire l’hiſtoire de Ionas le Prophete, que i’auois leuë le iour precedent : parquoy me pensa que quelqu’vn de nous deuoit eſtre comme luy la cause de ces orages, & qu’il ſeroit bon de ietter le ſort pour le cognoiſtre, & puis ietter ce mal-heureux en la mer, afin d’apaiſer la tourmente. Ou bien

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