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RELATION D’UNE ENTREVUE


Extrait d’une Lettre de M.  Samuel Turner au Gouverneur général, datée de Patnaha[1], le 2 mars 1784.

Pendant mon séjour au Tibet, j’avois singulièrement à cœur d’obtenir une entrevue avec le Tichou Lama, encore enfant[2] ; mais je

* Voyez un journal intitulé Miscellen der Russischen und Mogolischen litteratur, für das jahr 1802, 1re partie, p. 141.

** Introduction à l’histoire des peuples soumis à la Chine, par M.  Amiot, insérée dans le t. XIV des Mémoires sur l’histoire, &c. des Chinois, p. 131 ; et 2.e vol. p. 154 du manuscrit autographe.

    séjourna plusieurs mois à la cour du Tichou Lama, et revint à Calcutta , après une absence de quinze mois, dont sept passés dans le Boutan et dans le Tibet. Pendant le cours de son voyage, il avoit ramassé beaucoup de matériaux sur les mœurs, la religion des habitans, les productions du pays, et il se proposoit de publier ce précieux recueil, quand une mort prématurée l’arrêta au milieu de ses travaux et de sa carrière. Les trop courts extraits de ses Mémoires, publiés par II Stewart dans les Transactions philosophiques, et par M.  Crauford dans ses Sketches chiefly relating to the history of the Hindoos, t. II p. 165-216, font désirer de posséder l’ouvrage entier. J’ose assurer qu’il ne démentiroit pas l’idée qu’on peut s’en être formée. Un heureux hasard m’en a fait découvrir une copie manuscrite et authentique, qui est maintenant déposée à la Bibliothèque nationale. Je publierai la traduction de cet ouvrage, dès que les circonstances seront plus favorables pour les entreprises littéraires. Les deux fragmens qu’on va lire ont été réimprimés dans la Relation de l’ambassade de M.  Turner, publiée en 1800, un vol. in-4.° orné d’une belle carte et de gravures supérieurement exécutées. Le C.en Castera en a donné une bonne traduction française avec des notes, et une table des matières, qui manque à l’original, en 2 vol. in-8.° (L-s.)

  1. Voyez ma notea ci-après, p. 742. (L-s.)
  2. Le mot Lama, que les Chinois prononcent La, désigne, au Tibet et à la Chine, un prêtre de Fo ou de Bouddha. Les Mantchoux, et autres Tatârs, nomment ces prêtres Saman T-.^..y—/ (J’ai donné, sur ce mot, des détails assez étendus, dans ma Notice sur le rituel des Mantchoux.) Les Lamas, qui sont en très-grand nombre, ont deux chefs principaux, qui tous deux font leur résidence au Tibet : le premier se nomme Dalaï Lama, ou Talaï Lama, suivant la prononciation des Monghols ; l’autre, Tichou Lama, suivant quelques voyageurs européens, et Pan-tchan Lama, suivant les missionnaires. Je vais tâcher de fixer, d’une manière positive et claire, la différence qui existe entre ces deux personnages.

    Talai Lama signifie proprement Grand Lama. « Talaï est un mot monghol qui désigne la grandeur ; et comme cette idée s’attache plus particulièrement à la mer, les Monghols emploient le mot Talaï pour désigner l’océan*. » Suivant M.  Amiot, Ta-lai ou Dalai La-ma** signifie le Lama