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DE L’ITALIE ET DE l’INDE.

grands fleuves de l’Inde ont des noms féminins ; et les trois déesses des eaux, pour qui les Hindous ont une vénération particulière, sont Gangâ, qui sortit, comme Pallas, de la tête du Jupiter indien (115), Yamounâ (116), fille du Soleil, et Saresouatî (117). Toutes trois s’assemblent à Prayâga, nommé par cette raison Trivêni, ou les trois boucles tressées ; mais, suivant la croyance populaire, Saresouatî s’enfonce sous la terre, et reparoît à un autre Trivêni, situé près d’Hoùgly, où elle rejoint sa biec-aimée Gangâ. Le Brahmâpoùtra est, à la vérité, un fleuve mâle ; et comme son nom signifie le fils de Brdhmab, j’en ai pris occasion de feindre dans un de mes hymnes qu’il avoit épousé Gangâ, quoique je n’aie pas rencontré dans les livres sanskrits un seul passage où il fût mentionné comme dieu.

Il faut parler maintenant de deux divinités incarnées du premier Rama, le rang, Râma et Crichna, et développer clairement leurs divers attri- Bacbuts. Le premier étoit, ce me semble, le Dionysos (118) des Grecs, chus’ qu’ils appeloient Bromius, sans savoir pourquoi, et Bugenes, quand ils le représentaient avec des cornes. Ils le nommoient encore Lyaios et Eleut/ierios [le Libérateur], et Truimbos ou Ditbyrantbos [le Triomphant]. La plupart de ces titres furent adoptés par les Romains, qui le nommoient Bruma, Tauriformis, Liber, Triumphus. Les deux nations avoient des traditions ou des documens suivant lesquels il avoit donné des lois aux hommes et jugé leurs différens, perfectionné la navigation et le commerce, et, ce qui paroîtra encore plus digne de remarque, fait la conquête de l’Inde et de plusieurs autres régions avec une armée de satyres, commandée par un personnage aussi distingué que Pan. Lilio Gyraldi, j’ignore sur quelle autorité, assure que ce dernier résida dans i’Ibérie, « après être retourné, » dit ce savant mythologue , de la guerre de l’Inde, où il avoit « accompagné Bacchus. » II seroit superflu, dans un simple essai, de prolonger ce parallèle entre ce dieu européen et le souverain d’Ayodhyâ (1 19), sous la forme duquel les Hindous croient que le pouvoir conservateur apparut à la terre. Suivant eux, ce fut un