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NOTES.

consultent, sont les sept planètes et les deux nœuds du dragon : ils nomment cette réunion nava graha, que les Malabars prononcent nova greggam [les neuf luminaires]. M. Wilkins observe que les poètes hindous ont donné à la tête et à la queue du dragon les noms de rahou et de kétou, et qu’ils feignent que ce sont deux planètes malignes, et que l’on ne peut apercevoir que lorsqu’elles saisissent le soleil et la lune dans les éclipses.

Tel est le précis très-rapide, mais aussi très-fidèle, de la théologie indienne, dans laquelle il est aisé de reconnoître la pureté du culte primitif rendu autrefois k l’Etre suprême. La première cause de la corruption de ce culte, suivant M. Jones, paroît avoir été la distinction qu’on a voulu établir, par le moyen des emblèmes, entre les trois grands actes de la Divinité (ou de la nature), /æ formation, la conservation, et le changement de formes, et non leur destruction, qui produirait un contraste choquant avec le Ungam, le principal attribut de Sîva. Le même savant que nous venons de citer, pense que cette triple divinité des Hindous doit son origine au soleil personnifié, qu’ils nomment encore aujourd’hui Tritcni [à trois corps], d’après la triple puissance qu’a cet astre de produire les corps par sa chaleur vivifiante, de les conserver par sa lumière, et de les détruire ou de les décomposer par la force concentrée de sa nature ignée. Cette hypothèse, et l’idée extraordinaire d’attacher à chacune des personnes de la Trinité indienne une faculté femelle revêtue d’une portion d’autorité analogue à celle de son époux, peuvent donner la clef de tout le polythéisme de l’Inde, de l’Egypte, de la Grèce et de l’Italie. J’observerai pourtant que la théologie indienne est maintenant assez bien connue par les ouvrages des Holwell, des Jones, des Wilkins, des Wilford, et autres savans de la Société de Calcutta, tandis que celle des Grecs et des Latins nous offre des lacunes désespérantes ; de manière qu’il est impossible de concevoir un système bien suivi de rapprochemens entre ces religions : voilà pourquoi M. Jones, malgré toute son érudition, s’est borné à indiquer des rapprochemens partiels entre tel ou tel personnage. Heureux si j’ai pu, avec les lumières nouvellement acquises, et par des recherches ultérieures, ajouter un nouveau degré de probabilité à ses conjectures !

(2) Il s’agit ici des soldats produits par les dents du serpent qui avoit dévoré les compagnons de Cadmus. On sait que ces soldats, sortis subitement armés du sein de la terre, se détruisirent mutuellement et aussi promptement qu’ils avoient été créés ; cinq d’entre eux seulement survécurent aux autres. Le docte Bochart, que M. Jones cite ici, me paraît avoir donné, dans sa Geographia