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NOTES.

est adoré dans beaucoup de temples ou pagodes, avec de grandes cérémonies, et sous les différens noms qu’il porta dans ses différentes incarnations ou descentes sur la terre : elles sont au nombre de neuf ; et Ton croit qu’il paroîtra encore une dixième fois, sous la forme d’un cheval. (Voyez, p. 234, ma note 38 sur les avatars.) Sîva n’a pas moins de temples et d’adorateurs que le précédent ; et Ion compte mille huit manifestations de sa présence sur la terre. En conséquence, il est adoré dans ses pagodes sous plusieurs noms ; ce qui a induit en erreur beaucoup d’Européens, qui ont cru que ces noms et ces pagodes appartenoient à des divinités différentes. L’emblème sous lequel Sîva est le plus communément adoré, est le lïngatn, ou la représentation des organes de la génération réunis. Quelques sectateurs de Sîva regardent le lingam comme l’emblème du créateur suprême ; mais il s’en faut de beaucoup que ce soit une opinion universellement accréditée parmi les Hindous. Les sectateurs de Vichnou ont horreur de cette indécente figure emblématique.

Chacune des personnes de cette trimourti ou trinité a une épouse qui jouit des honneurs divins, et qui a des attributs et une puissance analogues, mais subordonnés, au dieu auquel elle est unie. Saresouatî, épouse du créateur ou formateur Brâhmah, possède les facultés de l’imagination et de l’invention, qu’on peut bien nommer créatrices. Lakchmî, épouse de Vichnou, est douée du pouvoir conservateur : c’est la déesse du courage, de la joie, de la valeur, de l’éloquence, du mariage. Moudèvi ( ou Bhoudêvi J, autre femme de Vichnou, est la déesse de la terre, de la patience et de la turpitude : elle ne jouit d’aucun culte. Sîva (ou Chiva) a aussi deux femmes : l’une nommée Pârvatî ou B bavant, la déesse de l’abondance on lui rend de grands hommages dans les temples mêmes de Sîva : l’autre est Gangà, la rivière sacrée que nous nommons le Gange (suivant quelques auteurs, elle est la fille et non l’épouse de ce dieu) ; c’est la déesse de la propreté ; on ne l’adore que sur les bords des rivières ; elle est accompagnée de huit vierges, emblèmes des principales rivières qui se jettent dans le Gange. Ces dieux et ces déesses ont un assez grand nombre de noms ou épithètes, qu’on verra ci-après dans le cours de mes notes ; ils ont aussi des enfans qui ne jouent pas un rôle très-important dans le panthéon indien. La région inférieure du ciel est habitée par les Déva et les Dêvata, espèce d’anges gardiens, de demi-dieux, que l’on invoque pour être préservé des malheurs, et qui ont pour chef Indrâ, le dieu du firmament : ce sont les génies des Arabes, les péry des Persans, et les fées du Nord. Les Hindous ont aussi beaucoup de foi dans l’influence des astres sur les événemens sublunaires. Les astres qu’ils