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NOTES.

est défendu par une autre rivière, dont le lit forme un précipice semblable au premier ; cette rivière se jette dans la Sône, un peu plus bas. Enfin un troisième côté se trouve défendu par une vallée profonde, remplie de bois impénétrables, qui s’étendent sur les montagnes voisines. Ce rocher a quatorze kôss de circonférence à sa base. Le terrain enclos a dix milles de circonférence, est cultivé, et renferme des villes, des villages et des champs de blé. Dans cet espace jaillissent plusieurs sources, et partout on peut se procurer de l’eau, en creusant à la profondeur de trois ou quatre verges. Il y a plusieurs étangs dans l’intérieur du fort.

En 1542, le râdjah ou prince hindou propriétaire naturel de cette forteresse en étoit encore en jouissance ; mais le célèbre usurpateur du Béhâr, Tchéït Khân, s’en empara par un acte de perfidie extrêmement adroit. Comme il étoit intimement lié avec le râdjah, il le pria de recevoir dans cette forteresse ses femmes et ses trésors en dépôt, sous prétexte d’aller faire une expédition dans le Bengale. Le râdjah, non moins perfide que son ami, accepta cette proposition avec joie, dans l’espérance de s’emparer du dépôt. II reçut donc un nombreux convoi de palanquins couverts, qui contenoient des hommes armés, au lieu des femmes que le râdjah croyoit y être cachées : il permit en outre l’entrée de son château à une multitude de soldats déguisés en porteurs de palanquins ou de caisses supposées renfermer des trésors. Le massacre de la garnisonet l’occupation du fort furent le résultat de cette opération. Le râdjah, suivi d’un très-petit nombre de ses gens, eut beaucoup de peine à échapper. 33 Voyez Dow’s History of Hindoostan, tom. II, pag. 173, 2e édit. ; et Pennant’s View of Hindoostan, t. II, p. 222.

M. Daniell a donné, dans son Oriental Scenery, trois vues magnifiques de Rhotâs. La première représente le Râdje-ghât [passage royal], qui est la principale route qui conduit à Rhotas-ghor [fort de Rhotâs], dans le Béhâr. C’est, dit-il, la forteresse de montagne la plus considérable qui existe dans cette partie de l’Inde ; elle doit prodigieusement à la nature, et l’art a corroboré les parties foibles. Ce fort renferme des ruines de temples hindous, de mosquées musulmanes, d’un palais, et d’autres édifices publics, qui offrent des modèles d’une excellente architecture. La montagne sur le sommet de laquelle il se trouve, passe pour avoir plus de huit cents pieds de haut, et plus de vingt milles de circuit ; la Sône en baigne le pied du côté du sud-est.

L’ancien temple hindou situé dans l’intérieur du fort de Rhotâs forme le n.° XI de la précieuse collection que nous venons de citer. Ce temple, construit