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NOTES.

regretter ceux qu’il lui auroit été si facile d’accumuler. Les principaux faits et gestes de Bacchus sont assez connus, et on les trouve racontés avec beaucoup de détails et d’exactitude dans les deux excellens Dictionnaires mythologiques des C.cns Millin et Noël : ainsi nous nous bornerons à les rapprocher de ceux qu’on attribue aux personnages du panthéon indien, qui nous paroissent leur correspondre.

Quelques mythologues ont cru pouvoir compter jusqu’à cinq Bacchus, qui, selon nous, se réduisent à deux, et même à un seul, qui est l’emblème du soleil. Les deux Bacchus dont nous voulons parler, sont le jeune, qui est le plus connu, et le vieux, que l’on représente avec une barbe et tous les caractères de l’âge mûr. Le premier de ces deux personnages, qui n’en font réellement qu’un, est aisé à reconnoître dans Rama, sixième incarnation de Vichnou, le même qu’Osiris ou le Soleil ; l’autre est Sîva, Chiva ou Chib, &c.

Les opinions des anciens touchant la naissance de Bacchus le Thébain, fils de Jupiter et de Sémélé, sont si peu uniformes, que nous pouvons indiquer celle qui nous paroît la plus probable, c’est-à-dire, celle qui s’accorde le mieux avec la mythologie, où Bacchus semble avoir pris naissance. Suivant Eustathe, ce dieu lut nourri sur le mont Méros en Arabie. Il est aisé de reconnoître dans ce mot le nom hellénisé de la montagne Mérou, si fameuse dans la mythologie indienne. Nous observerons que le mot^^ç en grec signifie cuisse ; et voilà, sans doute, l’origine de cette fable qui fait passer Bacchus du sein de sa mère dans la cuisse de Jupiter, d’où il ne sortit qu’à l’expiration des neuf mois. Enfin, Pline, Arrien, Strabon et d’autres placent le mont Mérou et Bacchus dans l’Inde. En effet, suivant les anciens Brahmanes, le mont Mérou, Himâlaya ou Himala, branche de l’Imaiis ( voyez ci-dessus, pages 261 et 275) est la demeure de Sîva, Chiven, ou Sib, &c. nom de la troisième personne de la Trinité indienne, d’où Bacchus a sans doute tiré le surnom de Sebasïus ouSebadius qu’il portoit parmi les anciens. Le sens de l’allégorie indico-grecque qui place la naissance et le séjour de Chiven, Bacchus, ou le Soleil, sur le mont Mérou, me paroît assez simple : cet astre, relativement à l’Inde, semble sortir de ces montagnes, qui séparent cette contrée du Tibet. On me permettra d’ajouter quelques nouvelles preuves à l’appui de cette conjecture. Les Indiens donnent au mont Mérou l’épithète de Sourâlaya [demeure du soleil], et à Chiven ou Bacchus celle de Dêvanichi ou Dionichi [dieu de Nicha], parce qu’il fut élevé dans cette ville, qui porte aussi l’épithète de Nichadaboura [ville de la nuit], Il est aisé de reconnoître ici la ville de Nysa, où les anciens disent que Bacchus