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NOTES.

fut élevé, et qu’ils placent mal-à-propos en Arabie. On nous permettra encore d’observer que Dionichi est incontestablement l’origine de Dionysus [Denys], l’un des noms de Bacchus, lequel désigne, comme on voit, le dieu de la nuit : c’est à cause de ce titre, sans doute, que ses orgies se célébroient chez les anciens et se célèbrent encore aujourd’hui dans l’Inde pendant la nuit. Ces fêtes nocturnes se nommoient Chivaratri [orgies du Sîva ou Chiva nocturne], et Chakpoudjâ [fête de la déesse Chakti], c’est-à-dire, du soleil et de la puissance génératrice.

Chakti ou Bhavânî [celle qui fait exister] sont les surnoms de Pûrvadî, la lune, e{ l’épouse de Sîva, Chiva ou Bacchus [le soleil ] : elle naquit et fut élevée sur une montagne voisine du Mérou. Les Indiens la nomment communément la fille du roi des montagnes. Ces peuples, ainsi que les Tibétains, adorent sa partie sexuelle sous l’emblème du lotus. Le lingam, ou les parties naturelles de l’homme, sont un des emblèmes de Sîva ou Chiva, qui est aussi le dieu de la nuit, le maître de la mort, le vengeur des crimes, muni de trois yeux, le juge des morts, le maître des fantômes qui errent dans les ténèbres, et des démons, le contemplateur, le pénitent, le vagabond, l’instituteur de la philosophie et des sectes, et en même temps le soleil qui détruit tout, le soleil de la nuit, caché derrière le Mérou, montagne froide et couverte de neige, habitant la ville de la nuit, parce que le matin il semble sortir d’au-delà des montagnes pour rendre la lumière à l’Inde. C’est, sans doute, à cause de cette circonstance géographique, que les habitans de cette contrée distinguent deux soleils : l’un nocturne ; c’est Sîva ou Chiven [le vieux Bacchus ] dont nous venons de parler : l’autre diurne, celui qui les éclaire pendant le jour ; c’est Râma, le jeune Bacchus ou Apollon, dont il va être question. On sait que les anciens, suivant Macrobe, distinguoient quelquefois le soleil levant par le nom d’Apollon et le soleil couchant par celui de Bacchus.

Râma, ou Sri Râma, naquit de l’étoile Rohini, et passe pour le frère de Vichnou, à-peu-près de la même manière que Brâhmah et Sîva [ou le soleil] sont frères. Parmi la longue série de ses noms, nous ne citerons que Râmaf qui signifie blanc ou beau ; Câma-pâla, luxurieux ; Ramena, gai, jovial, vigoureux : tous ces noms caractérisent parfaitement le jeune Bacchus indien. Son épouse se nomme Sita, c’est-à-dire, terre labourée ou fertile. À sa suite marche Hanouman, le singe du soleil, fils de la lune, c’est-à-dire, l’air qui pénètre par-tout, le même que Pan, dont le nom en grec Πὰν signifie tout, l’inventeur de l’instrument à vent que les Grecs et les Indiens lui mettent à la bouche, un des symboles