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SUR LES SYK’HS ET LEUR COLLÉGE.

Ce livre, dont celui qui étoit près de l’autel et plusieurs autres répandus dans la salle étoient des copies, enseigne qu’il n’y a qu’un Dieu tout-puissant et présent par-tout, qui remplit tout l’espace et pénètre toute la matière, et qu’on doit l’adorer et l’invoquer ; qu’il y aura un jour de rétribution, où la vertu sera récompensée et le vice puni (j’oubliai de demander de quelle manière). Non-seulement il commande la tolérance universelle, mais encore il défend de disputer avec ceux d’une autre croyance. Il défend aussi le meurtre, le vol, et les autres actions que la plus grande partie du genre humain regarde comme des crimes contre la société. Il recommande la pratique de toutes les vertus, et principalement une philantropie universelle, et l’hospitalité envers tous les étrangers et tous les voyageurs. Voilà tout ce que ma courte visite me permit d’apprendre au sujet de ce livre. C’est un volume in-folio, d’environ quatre ou cinq cents pages.

On me dit aussi que peu de temps après la promulgation du livre de Nânek châh, il en parut un autre, qui est aujourd’hui presque aussi estimé que le premier. Le nom de l’auteur est sorti de ma mémoire ; mais on me donna un extrait du livre même en l’honneur de la Divinité. Ce passage avoit frappé mes oreilles à mon entrée dans la salle, au moment que tous les étudians étoient occupés à lire. Grâce à l’analogie de leur langue et de celle des Hindous, et grâce à plusieurs mots sanskrits, je fus en état d’en comprendre une bonne partie ; et j’espère avoir l’honneur d’en offrir quelque jour la traduction à la Société. On me dit que je pourrois avoir des copies des deux livres, si je voulois faire la dépense de leur transcription.

Je demandai ensuite à mes deux amis pourquoi on les appeloit Syk’hs : ils me dirent que cette dénomination étoit un mot tiré de l’un des commandemens de leur fondateur, lequel signifie apprends ; et qu’elle fut adoptée pour désigner leur secte, peu de temps après sa disparition. On sait que ce mot a la même signification dans la langue hindoue[1].

  1. ســــيكه impératif du verbe hindou سيكهنا syk’hnâ [apprendre]. Le mot syk’h سيكه signifie aussi écolier, disciple, étudiant (voyez Gilchrist’s Dictionary English and Hindoostanee, p. 498-499 ; Calcutta, 1788-1801, in-4.°), et forme antithèse