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SUR LA CHRONOLOGIE DES HINDOUS.

doit paroître à Cîcata, en vue de confondre les démons, précisément au commencement du Kali-youga[1]. Je suis convaincu depuis long-temps, que, sur ces matières, nous ne pouvons raisonner d’une manière satisfaisante que d’après des preuves écrites, et qu’il faut appliquer invariablement notre principale règle, qui consiste à prendre à la rigueur les aveux que les Brahmanes laissent échapper contre eux-mêmes, c’est-à-dire, contre leurs prétentions à l’antiquité ; en sorte qu’au total nous pouvons placer Bouddha tout au commencement de l’âge actuel. Mais quel est ce commencement ! Lorsqu’on proposa cette question à Râdhâcânta, il répondit : « Les deux ou trois mille premières années d’une période qui en comprend plus de quatre cent mille, peuvent raisonnablement passer pour son commencement. » Je lui demandai des preuves écrites ; il me montra un ouvrage, propre, jusqu’à un certain point, à faire autorité, composé par un savant Gôsouami, et intitulé Bhâgaouatâmrita, ou le nectar du Bhâgaouat ; c’est un commentaire en vers sur ce livre. La strophe dont il me fit lecture, mérite d’être citée. Après le passage du texte relatif à Bouddha, que j’ai transcrit ci-dessus, le commentateur s’exprime ainsi :

Açaou vyactah calérabdasahas radaouitayè gatè
Mûrtih pâtalâverna’ sya daouibhudja tchicurodjhita.

« Il devint visible lorsque la mille deuxième année de l’âge Kali fut écoulée. Son corps étoit d’une couleur mitoyenne entre le blanc et le rouge ; il avoit deux bras, et point de cheveux sur la tête. »

Le Gôsouami suppose que Cîcata, nommée dans le texte comme le lieu de la naissance de Bouddha, étoit Dhermaranya, forêt voisine de Gayâ[2], où subsiste encore une image colossale de cette ancienne divinité. Elle m’a paru d’une pierre noire ; mais, comme je l’ai vue à la lueur des torches, je ne puis rien affirmer à l’égard de sa couleur, que le temps peut avoir altérée.

Les Brahmanes parlent en général des Bouddhistes avec toute la

  1. L’âge présent, qui date déjà de quatre mille ans. (L-s.)
  2. Voyez sur cet endroit ma note 2 de la page 56. (L-s.)