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Page:Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, tome 2.djvu/374

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SUR L’ANTIQUITÉ

la Nâhyd des Persans, est une déesse comme la Freya de nos ancêtres Saxons. Le dessin des planètes que M. Johnson a apporté au Bengale, se rapporte donc au système persan, et représente les génies qu’on suppose y présider, exactement comme ils sont décrits par le poëte Hâtéfy[1] : « Il parsema le firmament d’étoiles, et ennoblit notre terre avec la race des hommes ; il fit tourner doucement la propice nouvelle lune des fêtes, comme un brillant joyau, autour de l’axe du ciel ; il plaça le saturne hindou sur le siége de cet éléphant rétif, la sphère tournante, et mit l’arc-en-ciel dans sa main, comme une bride pour contenir cet animal enivré. Il fit, pour le luth de vénus, des cordes de soie avec des rayons du soleil, et fit présent à jupiter, qui vit la félicité de la vraie religion, d’un rosaire des pléiades groupées. L’arc du ciel devint celui de mars, quand il fut honoré du commandement de l’armée céleste ; car Dieu conféra la souveraineté au » soleil, et des escadrons d’étoiles composèrent son armée. « Les noms et les formes des constellations lunaires, principalement de bharanî et d’abhidjit, indiquent une simplicité de mœurs particulière à un ancien peuple ; et ils diffèrent absolument de ceux du système arabe, où la première constellation même est au duel, parce qu’elle n’est formée que de deux étoiles. Menzil[2],

  1. A’bdoûllah Hâtéfy, ءبد اللَه هاتفي célèbre poëte persan, auteur de quatre romans ; savoir : les Amours de Khosroù et de Chyryn, خسرو و شيرين les Amours de Medjenoùn et de Léïlah, مجنون وليله le troisième, intitulé Heft manzar هفــــــت منظر [les sept perspectives] ; il contient les Amours de Behrâm VI, roi de la dynastie des Saçânydes. « Les histoires » en sont amusantes, dit Hhâdjy Khalfah, » et toutes tirées de son fonds » حكانانر لطيغــر موضومه رضيه من عنل. Le quatrième contient l’Histoire de Tamerlan, et est intitulé Tymoùr Nâmêh تيمور نامـــه. Nous possédons ces quatre ouvrages à la Bibliothèque nationale, sous le n.° 357 des Mss. persans : cet exemplaire est un de nos plus beaux Mss. Hâtéfy étoit neveu du célèbre A’bdoûlrahhman Djâmy ; il mourut, suivant Hhâdjy Khalfah, en 927 de l’hégire [1520–1521 de l’ère vulgaire]. Il est fâcheux que M. Jones n’ait pas indiqué celui des ouvrages de Hâtéfy d’où il a tiré la description qu’il cite. (L-s.)
  2. منزل le lieu où l’on descend, de la racine arabe نَزَلَ descendit. (L-s.)