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DU ZODIAQUE INDIEN.

toute autre nation de Mlétchtch’has, comme ils appellent ceux à qui les védas sont inconnus, et qui n’ont point étudié le langage des dieux. Ils m’ont souvent répété un fragment d’ancien poème, dont ils se servent maintenant en guise de proverbe, Na nîtchò Yavanâtparah, « Aucune créature vile ne peut l’être plus qu’un Yavan ; » nom par lequel ils désignoient anciennement un Ionien ou un Grec, et par lequel ils entendent aujourd’hui un Moghol, ou, en général, un Musulman. Lorsque je parlai de l’opinion de Montucla à différens Pandits, à diverses époques et en divers endroits, ils ne purent gagner sur eux d’y répondre sérieusement : les uns éclatoient de rire ; d’autres, en souriant avec malignité, dirent que c’étoit une plaisante idée ; et tous parurent la regarder comme une notion qui touchoit à la démence. Dans le fait, quoique les figures des douze signes indiens ressemblent étonnamment à celles des signes grecs, elles s’en éloignent trop pour n’être qu’une simple copie, et la nature de leur différence prouve qu’elles sont originales. D’ailleurs, cette ressemblance n’est pas plus extraordinaire que celle qu’on a remarquée entre nos dénominations gothiques des jours de la semaine et celles qu’emploient les Hindous, dont les jours sont consacrés aux mêmes corps célestes, et, chose encore plus singulière, se suivent dans le même ordre : ravi, le soleil ; sôma, la lune ; mangala, tuisco ; bouddha, woden ; vrihaspati, thor ; soucra, freya ; sani, sater. Cependant personne n’a jamais imaginé que les Indiens eussent emprunté des Goths ou des Germains un arrangement aussi remarquable[1]. À l’égard des planètes, j’observerai seulement que soucra, le gouverneur de vénus, est, comme toutes les autres, une divinité mâle, qui se nomme aussi Ousanas, et que l’on croit être un sage doué d’un savoir infini ; mais Zohrah[2],

  1. Je ne me permettrai point de décider cette importante question ; mais j’observerai au moins qu’il y a peut-être encore plus de conformité entre la langue des Hindous, des Persans et des Allemands, qu’entre leurs systèmes astronomiques. Voyez De antiquitate et affinitate linguæ zendicæ, samscrdamicæ et germanicæ dissertatio, par le P. Paulin de Saint-Barthélemi. (L-s.)
  2. زمر en arabe, et ناهيد ou نهيل en persan. (L-s.)