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DU ROYAUME DE NÉPAL.

Tibet, d’où leur religion est originaire ; mais, dans le Népâl, ils n’observent ce précepte que lorsque cela leur plaît. Ils ont de grands monastères, où chacun a un logement séparé. Ils célèbrent aussi des fêtes particulières, dont la principale se nomme Yâtrâ dans leur langue, et dure un mois ou davantage, suivant qu’il plaît au roi. La cérémonie consiste à promener une idole, appelée Baghero[1] à Lélit Pattan, dans un grand char richement orné, et couvert de cuivre doré. Le roi et les principaux Baryesous se tiennent debout autour de l’idole ; et de cette manière, la voiture est promenée presque tous les jours dans quelque rue de la ville par les habitans, qui courent alentour, en faisant retentir tous les instrumens connus dans le pays ; ce qui forme un tintamarre inconcevable.

L’autre religion, la plus généralement répandue, est celle des Brahmanes, et la même qu’on suit dans l’Hindoustân, avec cette différence, que dans l’Hindoustân, les Hindous étant mêlés avec les Mahométans, leur religion fourmille aussi de préjugés, et n’est pas observée rigoureusement, tandis que dans le Népal, où il n’y a point de Musulmans, excepté un marchand kachmyryen, la religion hindoue est pratiquée dans sa plus grande pureté. Ces peuples classent chaque jour du mois sous un nom particulier : on est tenu d’y faire certains sacrifices, et d’y adresser certaines prières dans les temples. Les lieux destinés au culte sont, je crois, plus nombreux dans leurs villes que dans les villes de la Chrétienté les plus populeuses et les plus florissantes : plusieurs sont magnifiques, d’après les idées qu’ils se forment de l’architecture, et construits à grands frais. On y compte souvent trois ou quatre coupoles carrées ; et dans quelques temples, deux ou trois des dernières coupoles sont ornées de cuivre doré, aussi-bien que les portes et les fenêtres.

À Lélit Pattan, le temple de Baghero touchoit à ma demeure : l’or, l’argent et les joyaux qu’il contenoit, le rendoient plus somptueux qu’une maison royale. Indépendamment des grands temples,

  1. C’est, à ce que je suppose, un nom de Bhagavat ou de Crichna ; mais Bhârga est Mahadéva, et Badjri ou Vadjri signifie le Tonnant.