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94 Troisième Partie.


son expression juste. Ici, encore, la brièveté de la strophe force le poète à être économe des mots, à renoncer à cette emphase diffuse, sous laquelle les idées se perdent souvent complètement.

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II. Essai d’un groupement des quatrains des Rubā’iyāt d’après les idées qu’ils contiennent, accompagné de parallèles tirés des littératures arabe et persane et de quelques notes explicatives.

En considérant les Rubā’iyāt comme étant écrites en partie par ’Omar Hayyâm et comme étant, en général, une expression de sa personnalité, en même temps qu’elles nous montrent les diversités et les contradictions propres au caractère national des Persans, nous ne pouvons pas, nous le répétons, les prendre pour base d’un examen psychologique de ’Omar. Nous devons nous borner à en exposer schématiquement les idées principales, en recueillant dans des notes les parallèles tirés des littératures persane et arabe. Nous citons les quatrains d’après l’édition de Whinfield (qui contient la plupart de celle de Nicolas avec un choix des quatrains les plus caractéristiques des autres éditions et manuscrits) et celle de Heron-Allen (le ms. Bodl.), quelquefois d’après celle de Bombay. Dans les cas où la lecture diffère, j’ai suivi généralement celle de Whinfield.

A. Appréciation des hommes.

La présomption et la supériorité du philosophe en comparaison du vulgaire sont exprimées souvent dans les Rubā’iyāt 1[1]. « La compagnie des sots est un enfer sur la terre » (W. 232).

  1. 1 C’est un trait commun dans la poésie philosophique des Persans. Bien souvent cette supériorité prend des formes encore plus fières et plus arrogantes que dans les Rubā’iyāt de ’Omar Hayyâm. Ainsi Bābā Tāhir :
    Je suis cette mer qui est entrée dans un vase, je suis ce point qui est entré dans une lettre.