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Première Partie.
avouer qu’on se plaisait autant à la matière de ses vers qu’à leur forme classique^
C’est un fait significatif que, si l’on excepte les grands classiques ’Attâr, Rûmî, Sa’di, Hâfi’/, aucun poète lyrique persan n’est si souvent réédité en Orient que ’Omar Haj^yilm.
Du reste, les sûfïs ont fait leur possible, déjà à partir du IS*-’
siècle ap. J.-C.^,
pour interpréter les
Rubâ’iyât selon leurs propres théories ; mais ils n’ont pas réussi à délivrer ’Omar de sa mauvaise réputation, ce qui donne lieu au soupçon que cette même canonisation n’est qu’un masque. Et l’anecdote souvent répétée du verre de vin renversé’^ ne nous montre pas, à vrai dire, ’Omar comme le pieux mystique.
Avant de traiter la question de l’authenticité des textes, nous énumérerons ici les manuscrits les plus importants et les éditions des Rubà’iyat.
Manuscrits :
1. 3Is. Bodléien (Bodleian Library, Oxford) contenant 158 quatr., daté 865 a. H. (1461 ap. J.-C). 2. SuppUnient Persan 745 (Bibl,_Nat., Paris) contenant 6 quatr., insérés dans le dîvàn d’un autre poète, fin du 15^ ou commencement du 16® siècle ap. J.-C. 1 M. Héron -Allen cite (Some Sidelights upon Edw. Fitzgerald’s Poem, appendice à The Ruba’iyat of Omar Khayyàm, p. 291) un passage du livre d’Elphinstone : An account of the kingdom of Caubul (Londres 1815), où il est fait mention d’une secte d’athéistes et de libertins qui porte le nom d’un certain «Moollah Zukkee» : «Leurs idées semblent être très anciennes, et sont exactement celles du vieux poète persan Kheioom, dont les œuvres contiennent tels spécimens d’impiété, qui, i^robablement, n’ont pas d’égaux en aucune autre langue . . .
Leurs opinions sont pourtant goûtées en secret, et on dit qu’elles sont généralement acceptées parmi les nobles libertins de la cour du Chah Mahmoud.»
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Le sûfi Nagm-ed-din Râzi (m. en 1256 ap. J.- C.) ne connaît pas d’interprétation mystique de ’Omar, tandis qu’lbn-elQiftî (m. en 1248) dit que les sufis de son temps ont commencé à adopter quelques-uns de ses vers.
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V. ci-dessus p. 13.