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Deuxième Partie.

toujours avec les jeunes amants, bien qu’ils n’arrivent à leur but que par une série de trahisons. 11 est incontestable, aussi, que la dissinuilation a été de tous temps parmi les Iraniens une chose digne d’éloges. Astyage^ fait tuer le fils d’IIarpagos, et, ayant fait ^lonner au père un repas de la chair du fils, il lui montre la tête

et les membres du garçon ; Harpagos n’est nullement déconcerté ; il dit, ({ue tout ce que fait le roi est bien fait, et diffère sa vengeance comme le derviche de Sa’di^. Mais, selon l’opi-

nion des Iraniens, ce n’est pas seulement dans les cas où la soif de vengeance ou quelque autre motif ignoble nous guide que nous devons cacher nos vrais sentiments : nous ne savons jamais, si la sincérité peut nuire à nos intérêts. A cet

égard les poètes sont inépuisables en bons conseils. Quand le malheur arrive, ne trahis pas ton secret ; prends jrarde que la douleur ne fasse pâlir ton visage ! dit Avicenne^.

Et Sa’dî :

Mieux vaut se taire que de dire ce qu’on pense dans le fond de son cœur en ajoutant : «Ne le redis pas». Ô bon homme ! arrête l’eau à la source, car tu ne peux pas l’arrêter, quand elle est devenue un torrent^. Surtout en matière de religion cette réticence est recommendable. Elle concorde ici avec l’idée musulmane, que celui (jui n’a pas la vraie foi doit, d’après la volonté de Dieu, rester dans l’ignorance.

Ainsi la réticence a été pratiquée dans toutes les écoles mystiques.

Chez Abu Sa’id, le premier poète persan siifl de pur sang, on trouve par exemple ce quatrain : O cœur ! quand la douleur d’être séparé de Lui a ouvert les veines de ton âme, ne montre à personne ton froc ensanglanté. ^

Hérodote I. 119.

M. Nôldeke a, dans une note de sa traduction du Kàrnâmak-l Artahsîr-î PCqiahln (Beitr. z. Kunde d. indogerm. Sprachen IV. p . 40), appelé l’attention sur cette anecdote. -

V. l’anecdote bien connue du Gulistân I. 21. 3 Gôtt. Naohrichten 1875 p. 566.

Le Gulistân VHI. 11 .