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ntHixième l’aitie.

de trembler chaque jour pour sa famille et son bien-être. Ainsi l’abstinence devint la conséquence de toutes les spéculations raétai)bysiques : mystiques, philosophes sceptiques et pieux musulmans, tous aboutirent à l’ascétisme. L’Orient a

toujours été le foyer de l’ascétisme aussi bien que celui de la volupté. Et souvent l’ascétisme va de })air avec ces doctrines d’une morale humanitaire qui ont toujours eu une haute place dans la littérature i)ersane. Un athéisme conséquent est très rare chez les orientaux. Un libre penseur comme Abu-l -’Alâ al-Ma’arrï qui attaque toute religion et tous les prêtres, est un phénomène presque unique.

Abîi-l-’Alâ est un Arabe, c’est-à-dire qu’il use plus des coups de bâton des injures que des traits de la satire. La satire implique un certain fonds d’humeur qui fait défaut aux Arabes.

Les Persans, au contraire, possèdent souvent le don de voir les côtés faibles des religions et un penchant à les railler. Nous trouvons une telle ironie chez le «maudit Abalis», un zendik c^ui eut une controverse religieuse avec le grand prêtre des Parsîs, Atur-farnbag, devant le calife Ma’mûn : «La raison de ceindre le costi ?»^ demanda-t-il. «Car, si dans le port du

costi, il y a une bonne œuvre, ce sont les ânes, les chameaux et les chevaux qui ont le plus de chance d’aller au paradis, eux qui, jour et nuit, portent la sangle serrée sept fois autour du ventre.»^ — C’est que, malgré leur imagination désordonnée et leurs hyperboles extravagantes, malgré leur manque de logique et de bon sens, les Persans sont en effet des rationalistes.

Dans le traité de morale qui porte le nom de Buzurgmihr il est dit, que celui qui est le plus sage est le plus capable à faire de bonnes œuvres^. Dans le Sahnâme,

un grand-môbed fait le panégyrique de la raison en commençant ainsi :

La ceinture sacrée qu’on porte serrée trois fois autour de la taille. Gujastak Abalish. publ. avec traduction etc. p. A . Barthélémy, Bibl. de l’Ecole des Hautes Etudes, fasc. 69 (Paris 1887) p. 37 . ^

Ganje$h(îi/a(j(i», trad. de Peshotan p. 7 .