Page:Recherches sur les Rubāʿiyãt - Arthur Christensen.djvu/98

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86 Deuxième Partie. Demain, quand les anges du jugement liront les livres [de nos actes], je me tiendrai la tête penchée, mon livre dans la main. (Bâbâ Tnhir, Huart no. 13.) Tandis qu’Avicenne engage, avec un peu de nonchalance, ses semblables à ne pas commettre, dans la vieillesse, des actes de jeunesse, son C()ntem})orain Kisâï i)rend la cho.se plus sérieusement. Quand la 50" année «le serra entre ses griffes et lui rogna les ailes», quand «sa tête devint blanche comme le lait, son cœur noir comme la poix, sa joue bleue comme l’indigo, et son cor})S mince comme un roseau», alors il commença à réfléchir. Il «tremble pour la mort, nuit et jour, comme un méchant enfant pour le croque-mitaine», il voit que ses chansons n’ont été que du bavardage puéril. Il croit gagner la vraie richesse en se convertissant au chiisme, et il devient un ascète et un dévot, qui ne fait de la poésie que })()ur célébrer ’Ali, «le lion du Seigneur». Kisaï est un exemple typique. Partout dans la littérature }>ersane nous retrouvons ce phénomène : le repentir, la contrition, le toha — tel en est le terme technique. Après avoir mené une vie joyeuse à la cour du sultan Cakyr Bég Nâsir Husrau fait toha et va en })élerinage. Abu Nuvas même a écrit des poésies pieuses. Mais le toba n’est ])as seulement le moment critique entre la jeunesse joyeuse et la vieillesse triste, il n’est jjas seulement une catastroi)lie décisive qui arrive une bonne fois dans la vie de l’homme : il peut avoir un caractère plus trivial. Le repentir venait aisément avec la migraine qui suivait les orgies ; et aussitôt que la tentation revenait, on retombait dans le péché : Cette nuit, cet adorateur du vin vint à moi et me ])orta à rompre le toba (pie j’avais fait hier. Car il voulait (pie je tinsse toujours ma mie d’une main ef la eoupe de l’autre. (Mu’izzi.) »jj soL) . ji Jw«î ^J -, -j jaXx.vw .-W.X.vCO f»0&J s3,^

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