Page:Reclus - Étude sur les dunes, 1865.djvu/17

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dessous d’elle, et bientôt les molécules de sable séchées par les rayons solaires ne trahissent plus l’existence du piège caché. Les pâtres, les animaux, qui mettent le pied sur la surface de la blouse s’engouffrent tout à coup, plus ou moins profondément, et les eaux de la mare refluent autour d’eux. Le plus souvent ils en sont quittes pour l’émotion. Peu à peu le sable croulant se tasse au-dessous d’eux ; ils laissent le fond se consolider, puis, levant tranquillement une jambe, ils attendent qu’une espèce de marche se soit formée, et montent ainsi de degré en degré comme par un escalier.

Si les petites mares sont parfois englouties en apparence, les masses d’eau plus considérables situées à la base des dunes sont continuellement repoussées vers l’intérieur. Les rivières, arrêtées dans leur cours et changées en marais, sont également forcées au recul et mêlent leurs eaux à celles des étangs. Cette formation de lacs et de marécages, parallèle à celle des sables, est l’un des traits les plus remarquables du littoral des landes françaises. Sur un espace de 200 kilomètres se prolonge une rangée d’étangs différents de forme et de grandeur, mais tous situés à une distance à peu près égale de la mer. Une grande baie, le bassin d’Arcachon, a pu maintenir une large communication avec l’Océan, grâce peut-être à la rivière qu’il reçoit de l’intérieur ; mais toutes les autres nappes d’eau, au nord les étangs d’Hourtins et de Lacanau, au sud, ceux de Cazaux, de Parentis, d’Aureilhan, de Saint-Julien, de Léon, de Soustons, ne communiquent avec la mer que par des courants au lit tortueux et rapide, et se trouvent maintenant