Page:Reclus - Étude sur les dunes, 1865.djvu/19

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marines qui découpaient le rivage aujourd’hui si uniforme des landes. D’abord séparées de l’Océan par un mince cordon de sable, comme il s’en forme souvent sur les plages basses, ces baies changées en étangs ont été peu à peu repoussées vers l’intérieur des terres par les sillons parallèles des dunes. Sous l’énorme pression des sables, elles ont gravi, pour ainsi dire, la pente du continent. En même temps les pluies et les ruisseaux, arrêtés dans leur cours, apportaient incessamment leur tribut d’eau douce aux nouveaux lacs, tandis que l’eau salée s’enfuyait à mesure par les déversoirs naturels ménagés entre les monticules. Ainsi les grains de sable que le vent pousse devant lui ont suffi, pendant le cours des siècles, à changer des golfes d’eau salée en étangs d’eau douce et à les porter dans l’intérieur du continent à une hauteur considérable au-dessus de l’Atlantique. Malgré l’obstacle que lui oppose la haute chaîne des dunes, le vent ne laisse pas que d’avoir une certaine action sur les plages de sables situées à l’est des étangs, et là également il élève des rangées de collines. Nul doute que ces monticules ne pussent atteindre une élévation considérable si les nappes des étangs étaient soumises comme la surface de l’Océan aux oscillations des marées.

Nombreux sont les désastres occasionnés par l’envahissement des dunes ou des étangs pendant l’ère historique. Les villages situés à la base orientale des dunes de la Gascogne, sur le bord des étangs, devaient se déplacer de temps en temps vers l’est, sous peine d’être engloutis par les sables ou par les eaux. À l’approche du danger, les habitants menacés essayaient