Page:Reclus - Étude sur les dunes, 1865.djvu/24

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frêles tiges sont à demi enterrées dans le sable, sont peut-être contemporaines de la dune elle-même[1] ; peut-être même existaient-elles déjà avant que l’homme eût une histoire.

Dans cette lutte engagée contre la force des vents et la puissance de la végétation, l’issue définitive dépend à la fois des conditions climatériques, de la nature du sol, de la forme du rivage et des diverses circonstances éventuelles parmi lesquelles il faut ranger, en première ligne, les dégâts causés par l’homme et les animaux. Dans l’Amérique du Sud, sur les rivages des contrées tropicales où le développement des plantes est favorisé, suivant les saisons, par une chaleur extrême et par des torrents de pluie, là où les sables contiennent une forte proportion de débris animaux et végétaux, la plupart des dunes sont déjà fixées à quelques mètres de la mer par des mimosas, des cactus et des arbres épineux. La flore des sables est moins riche en Europe. Sur les côtes du Jutland, elle se compose seulement de deux cent trente-quatre espèces de plantes, très-humbles pour la plupart[2] ; aussi les dunes blanches de la péninsule danoise, de même que celles de la Gascogne et de la Hollande, n’ont-elles point assez de cohésion pour résister aux furieux vents d’ouest qui les assaillent. Il est probable toutefois que, même dans les pays de la zone tempérée, la modeste végétation herbacée des sables du littoral a la force de fixer les dunes après un certain laps de siècles, et de préparer, par la lente ac-

  1. De Candolle, Élie de Beaumont.
  2. Andresen, Om Klitformationen.