Page:Reclus - Étude sur les dunes, 1865.djvu/3

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plique à des hauteurs de toute nature, notamment aux collines crayeuses des comtés de Kent et de Sussex : la plupart des auteurs anglais ont adopté l’expression française de dune pour désigner les amas arénacés qui s’élèvent sur les plages ou dans l’intérieur des terres.

Un certain nombre de dunes ont été formées sur place pendant le cours des siècles par la désintégration de rochers de grès. Les brouillards, les pluies, les gelées et toutes les intempéries rongent graduellement la surface de la pierre et la transforment en sables qui s’éboulent en laissant de nouvelles couches à découvert. Celles-ci subissent à leur tour l’influence destructive des météores, et c’est ainsi que peu à peu le roc, jadis solide, est changé, jusqu’à une profondeur plus ou moins considérable, en une masse de sable croulant. Les grains, froissés les uns contre les autres durant leur chute, deviennent de plus en plus ténus, et lorsque le vent souffle avec force, il peut enlever ces molécules arénacées, leur faire remonter la pente du talus et parfois même les soulever en tourbillons comme la fumée d’un volcan. Néanmoins, la dune enveloppe encore un noyau solide, et, composée en grande partie de grains plus lourds que ceux du bord de l’Océan, elle ne se déplace point tout entière sous l’action des tempêtes ; elle prend seulement une autre forme par suite du changement graduel de ses pentes en talus d’éboulement. Près de Ghadamès, plusieurs montagnes de ce genre, qui furent autrefois des collines de grès, s’élèvent à 150 et 200 mètres de hauteur : l’une d’elles, qui n’a pas moins de 155 mètres, offre du côté exposé au vent une inclinaison de 37 degrés :