Page:Reclus - Étude sur les dunes, 1865.djvu/4

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c’est à peu près la pente la plus forte que puisse présenter un talus de sable[1].

Quant aux monticules mouvants, désignés plus spécialement par le nom de dunes, ils se forment sur tous les points du globe où le vent trouve de légers matériaux arénacés à pousser devant lui, soit au bord de la mer, soit dans l’intérieur des continents. Des vagues de sable, souvent comparées par les poètes aux vagues de la mer, ondulent çà et là, bien qu’avec une très grande lenteur, en certaines régions des grands déserts de l’Asie et de l’Afrique. On en voit également sur le bord des fleuves qui roulent des sables dans leurs lits et qui sont exposés à de fréquents changements de niveau par l’alternance des sécheresses et des inondations. Ainsi de fort belles dunes, hautes d’environ 10 mètres, s’élèvent sur la rive du Gardon, immédiatement en aval du célèbre pont romain ; c’est le mistral qui les a dressées. En sortant de la gorge qui l’enfermait, ce vent s’empare des molécules de sable fin laissées sur les plages et desséchées par le soleil, puis il les dépose à l’entrée de la plaine, à l’endroit précis où il s’épand sur une plus large étendue et perd en intensité ce qu’il gagne en surface.

On ne saurait comparer les dunes isolées de l’intérieur du continent à ces longues rangées de monticules errants qui se développent sur le rivage sablonneux de la mer. Les seules plages dépourvues de dunes sont celles que les brisants ont formées de

  1. Vattone, Mission de Ghadamés. Voyez aussi Barth, Zeitschrift für Erdkunde mars 1864.