Page:Reclus - Étude sur les fleuves, 1859.djvu/10

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leur bassin et s’épancher jusqu’à la mer. Ainsi l’atmosphère aride des steppes absorbe toute l’eau que le Volga, l’Oural et d’autres fleuves déversent dans la mer Caspienne ; l’on dirait même que l’évaporation enlève de nos jours plus d’eau que n’en apportent les affluents, puisque le niveau de la mer Caspienne s’abaisse constamment tandis que sa profondeur diminue. Chose remarquable ! tous ces lacs intérieurs sont des lacs salés ; des mers en miniature. Les matières salines en dissolution que charrient les affluents se mêlent aux eaux du lac ; mais tandis que celles-ci s’évaporent, le sel reste, et, s’augmentant constamment des apports que leur font les fleuves pendant le cours des siècles, les eaux du lac finissent par devenir aussi salées ou même plus salées que celles de l’Océan. Partout où les eaux s’accumulent dans un bassin continental dépourvu d’effluents, il se forme un lac semblable à la mer par la composition chimique de ses eaux.

La pénétration réciproque des terres et des mers est telle que non-seulement les continents sont enveloppés par les océans, mais que leur surface est encore parsemée d’océans sporadiques.

Dans les continents où les massifs et chaînes de montagnes sont environnés de plaines et où les plateaux n’ont que peu d’importance, en Europe par exemple, il ne se forme pas de lacs d’eau salée ; après avoir rempli les vallées longitudinales qui s’étendent au pied des montagnes, les torrents s’épanchent par-dessus le seuil le moins élevé de leurs digues naturelles et descendent vers la mer de terrasse en terrasse, ou par une pente graduelle. Les lacs d’eau